« Personne n’y croyait, on nous disait qu’on allait pas durer longtemps ! »
Printemps 1982. L’entreprise de câblage et d’électricité Rabilloud, à Seyssinet en Isère, annonce un large plan de licenciements à ses 80 salariés. Déterminés et solidaires, ils se mobilisent et se mettent en grève, occupant alors l’usine 24h/24 pendant près de quatre mois. Un collectif d’une trentaine de salariés, accompagné par la CGT et l’Union régionale des Scop, décide alors de reprendre l’activité, sous forme de Scop. « On ne connaissait pas vraiment le statut, mais c’était le seul moyen de sauver nos emplois. Alors on a investi toutes nos indemnités chômage et on s’est retroussé les manches » raconte Roberto Russello, doyen de TCS et seul salarié encore en activité à avoir participé à la reprise en Scop. La plupart des clients suivent l’ancien patron… Mais un bon client, issu de l’électronique mais démarrant tout juste l’activité de tôlerie, décide de leur faire confiance. « Les premiers mois ont été durs. À l’époque, personne n’y croyait. On nous disait qu’on allait pas durer longtemps ! » poursuit M. Russello. 40 ans plus tard, l’entreprise, désormais spécialisée dans la réalisation et l’assemblage de pièces de tôlerie, est toujours là, et se porte bien !
Un fonctionnement atypique
Restée fidèle aux principes qui ont fondé sa création, la Scop TCS a un fonctionnement atypique, très égalitaire, et basé sur la transparence. « En 1982, on s’est retrouvé entre ouvriers. On a choisi un ouvrier qualifié comme directeur, et on a élu un directoire de 10 personnes. Aujourd’hui, trois salarié·e·s composent le directoire, nommé par un conseil de surveillance, lui-même élu par l’ensemble des salarié·e·s (100 % sont associé·e·s de la Scop). Il n’y a pas de cadres chez nous ! » détaille M. Russello. La répartition des bénéfices se fait de manière égalitaire, et équitable. « C’est un vrai coup de pouce pour les plus petits salaires. Ça permet de fidéliser les équipes. D’ailleurs, chez nous, il n’y pas beaucoup de turn-over. »
Pérennité et développement
Tout au long de ces années, l’équipe est restée stable, garantissant par là-même une stabilité du capital, puisque le taux de sociétariat atteint les 100 % chez TCS. Mais la Scop, qui compte 35 salarié·e·s, souhaiterait recruter. Or, « les métiers de la tôlerie sont en tension. On a des difficultés à recruter », constate M. Russello. TCS n’a en tout cas pas fini d’écrire son histoire : installée depuis 2016 dans de nouveaux locaux de 3 200 m ² en zone péri-urbaine à Pont-de-Claix, elle investit régulièrement dans de nouvelles machines, toujours plus en pointe. Après un centre d’usinage laser fibre et par poinçonnage, elle compte continuer à investir dans des nouvelles machines industrielles prochainement.