« S.E.L, RERS, Accorderies... » derrière ces noms étranges se retrouvent les acteurs d’une philosophie basée sur l’échange direct et le partage entre citoyens.
L’échange de biens, de services, de compétences, hors des circuits marchands classiques et dans un esprit coopératif et solidaire.
Le principe ? Rendre un service en échange (ou non) d’un autre.
Une leçon d’anglais contre un peu de jardinage, un ordinateur réparé contre un cours de Pilates ou un déménagement juste pour aider.
Tout se donne, tout se partage, tout s‘échange.
Il existe de nombreux réseaux qui fonctionnent sur la logique de réciprocité et de solidarité, et qui ne nécessitent aucun échange d’argent classique.
Parmi eux, les SEL (Systèmes d’Echanges Locaux) ou Accorderies et les RERS (Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs).
Les SEL, les Accorderies.
Un Système d'Échange Local est une structure associative permettant à ses membres d’avoir des échanges multilatéraux de toute nature : services, biens ou savoirs.
Tout comme le SEL, l’Accorderie réunit un groupe de personnes vivant dans un même secteur géographique, favorisant ainsi le développement d'une économie solidaire et locale.
Chaque membre peut profiter de biens et services proposés par d’autres, bénéficier d'un réseau local d'entraide et offrir à son tour ses compétences.
L’objectif est d'accéder à des échanges égalitaires tout en tissant des liens locaux.
Pour Tiphanie GILLERON - Animatrice Coordinatrice de l’Accorderie Grenoble-Fontaine : “La richesse humaine et de savoirs se traduit en échanges mais aussi en solidarités locales qui permettent de lutter contre l’isolement et la précarité”.
Né au Canada dans les années 80, le premier SEL français voit le jour en 1994 en Ariège. On en compte aujourd’hui plus de 600 sur le territoire.
L’argent c’est du temps !
L’acronyme « SEL » est remarquable pour son homonymie avec le sel, aliment courant de nos jours mais également ancienne monnaie d'échange, aujourd'hui sans réelle valeur économique.
Cependant, pour comptabiliser « concrètement » les échanges, certaines structures ont créé leurs propres monnaies, des unités de valeurs caractéristiques de chaque groupe. On paie ainsi en cacahuètes, en gouttes, bouchons, noix, clous… chaque unité représentant 1 minute de temps.
Tous les membres du réseau peuvent donc échanger des services au travers de cette nouvelle économie.
Contrairement au troc classique, il n’est pas nécessaire de rendre à celui dont on a reçu. Concrètement, on pourra ainsi être crédité de 100 « grains de riz » ou 1 h de temps en faisant du repassage et aller les dépenser ailleurs en cours de guitare : “des services auxquels les adhérents n’ont pas accès en euros“, comme le précise Tiphanie GILLERON.
Pour la promotion des offres et des demandes au sein d’un même réseau, plusieurs façons de faire : réunions régulières, panneaux d'affichage, listes papier.
Toutefois de plus en plus de structures se tournent vers Internet, ce qui facilite la diffusion et la mise en commun des informations.
Les RERS
Un Réseau d'Échange Réciproque de Savoirs est, dans la plupart des cas (certains RERS n’ayant aucun véritable cadre juridique), une association fonctionnant à l'échelle d'une agglomération, d’une zone rurale, d’un quartier, d’un établissement scolaire, d’une classe, ou d’une entreprise et dont les membres donnent et reçoivent des savoirs et savoir-faire.
“Nous sommes un collectif d'habitants et non une association, le but est d'échanger nos savoirs, de passer des moments agréables, de lier des relations entre les personnes, c’est l’entraide et la bienveillance qui priment”, explique Jacqueline du RERS secteur 3 Eaux Claires.
Parents des SEL, les premiers RERS apparaissent dans les années 70 sous le nom de Réseau d'Échange de Connaissances sous l’impulsion de Claire Héber-Suffrin, une enseignante francilienne, aujourd’hui docteur en psychosociologie.
Constatant à l’époque, que ses élèves, même ceux en difficulté, détiennent de nombreux savoirs, méconnus ou ignorés par d’autres et parfois par l’école elle-même, elle propose des échanges s’appuyant sur la possibilité pour les élèves de transmettre à leurs camarades.
L'objectif étant alors que les enfants prennent conscience de leurs capacités et se retrouvent en situation de réussite en partageant leurs connaissances et en s’ouvrant aux autres.
Débutés avec les élèves, ces échanges pionniers et altruistes s’élargissent aux parents et deviennent rapidement les premiers Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs.
Partager avant tout
Comme les SEL et Accorderies, la démarche et la nature même des RERS est fondée sur la réciprocité.
Mais si les SEL proposent une alternative économique ayant des effets pédagogiques et sociaux, les RERS sont, à l’inverse, une alternative pédagogique en premier lieu.
En effet, le principe d’échange de connaissances et de formation réciproque, en circuit ouvert et sans aucune comptabilité, n’est ni liée à la « teneur» du savoir, ni liée au temps.
Toute connaissance est jugée intéressante, et ne souffre d’aucune valeur marchande ou hiérarchie.
Les savoirs échangés sont les savoirs personnels, la durée de l'apprentissage n'est pas comptée, seul compte l'échange en lui-même, du transmetteur vers l'apprenant et inversement.
Un membre du réseau passera 5 heures à en aider un autre pour des documents administratifs, quand ce dernier lui confiera sa recette de blanquette de veau.
Pas de transactions de « noisettes » donc, mais à n’en pas douter les même effet sociaux et économiques à l’échelle de la structure.
Pour plus d’informations sur les structures autour de vous :
ACCORDERIE DE GRENOBLE - FONTAINE
https://www.accorderie.fr/accorderie-de-grenoble/
SEL AGGLO GRENOBLE ALPES
Les RERS de votre secteur
http://www.rers-asso.org/auvergne-rhone-alpes.htm
Laurent Gisclard pour Alpes Solidaires